mardi 5 juin 2018

De Babel à Jargonos





By Pieter Brueghel the Elder - Levels adjusted from File:Pieter_Bruegel_the_Elder_-_The_Tower_of_Babel_(Vienna)_-_Google_Art_Project.jpg, originally from Google Art Project., Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=22179117


Premier sujet que le petit prince a envie d'aborder pour susciter des réflexions autres que les siennes :
La double facette du langage en ce qu'il divise autant qu'il rassemble.

Dire que tout est langage, même le silence, peut sembler provocateur et pourtant .....
Pourtant tout ce qui nous entoure, plantes et animaux compris, communique avec l'extérieur à l'aide de fréquences.
Chez l'être humain, sujet de ce billet, le langage revêt différentes formes qui évoluent sans cesse suivant les lieux et les époques. La question est de savoir si notre espèce peut espérer développer un langage qui rassemble tous ses membres dans une communication harmonieuse.
Du mythe de Babel à Jargonos en passant par les Plaideurs, nos semblables ont depuis longtemps mis en lumière la difficulté de concevoir un langage fédérateur.
Le mythe de Babel émet l'idée qu'à l'origine n'existait qu'un seul langage et qu'ensuite la diversité des langues a caractérisé la division des peuples.
Il est possible de remarquer que des populations vivant en complète autarcie finissent par développer un langage qui leur est propre et qui les distingue d'autres populations .
L'affirmation de ces particularismes exacerbe alors les rivalités entre populations distinctes . A la suite de conflits la population qui l'emporte impose aux autres son modèle d'organisation et son langage.

Le souhait que je forme est que la sagesse humaine l'emporte sur la bêtise, l'ignorance et l'arrogance du plus puissant . C'était déjà le voeu de Zamenhof en concevant l'espéranto comme une langue issue de toutes les autres. Il lui a été fait reproche d'avoir une conception issue de religion . Il a voulu y répondre en affirmant l'ouverture de ce langage à tous .
Mais la langue de la puissance dominante reste celle qui prétend s'imposer.

Mon désir serait qu'une évolution des mentalités permette une adhésion majoritaire à une langue reconnue pour ses qualités plutôt qu'une pratique contrainte.
Une langue, quelle qu'elle soit est l'illustration et le produit d'une histoire humaine particulière. De ce fait elle évolue dans deux directions. Elle évolue d'abord comme simple outil  de communication ; ensuite, sous l'effet d'inspirations diverses, elle devient un art. Le patrimoine artistique qui en découle rassemble en premier la population qui pratique cette langue de manière usuelle.
Mais tous les humains habitant cette terre ont vocation à s'enrichir mutuellement de leurs différences culturelles par le biais des apprentissages de langues, des échanges linguistiques, des visites et découvertes des patrimoines artistiques.
Dans ce domaine il est utile de pouvoir communiquer à l'aide d'au moins une langue étrangère. Personnellement en 1978, fourvoyé sur une route en construction pour aller visiter un temple grec, je fus bien soulagé de voir soudain surgir de nulle part une australienne d'origine grecque avec qui le dialogue en anglais  me rassura et me permit de rebrousser chemin à temps......
Pour autant est-ce souhaitable que se pérennise le principe de la langue imposée de fait ou de droit par la puissance dominante du moment ? Les civilisations, les empires, les nations dominants prospèrent et s'affaiblissent ou disparaissent, remplacés par d'autres......
Je rêve d'une langue choisie, d'une langue à laquelle les êtres adhéreraient avec joie parce qu'elle les résumerait toutes, qu'elle serait enseignée à tous et dépasserait ainsi le stade de l'outil pratique pour faire partie de l'humain, de ce qui nous rassemble toutes et tous .

Petrus

2 commentaires:

  1. Tu t'attaques à un gros morceau d'humanité, cher Petrus. ;-)
    Changer le monde, changer les hommes, le vieux rêve des poètes...Les utopies font du bien à l'âme, elle apportent du positif dans la vie : on l'appelle l'espérance.
    Après, il y a la réalité, et la bêtise, l'arrogance et l'ignorance ont encore de sales jours devant elles...hélas.
    Pour autant, je ne suis pas défaitiste : je trouve qu'il existe des langages universels, ce qui prouve que rien n'est impossible sur ce plan-là. Cela ne me dérange pas que l'un d'entre eux soit l'anglais.
    Je pense aux mathématiques, qui est un langage compris universellement, et bien sûr la musique.
    Mais le plus important, sans doute, est le langage des émotions. Et celui-là est partagé par sept milliards d'individus...
    L'amour, la tendresse, la peur, la colère, l'émerveillement, toute la palette des sentiments humains...Notre humanité est toute entière là, son avenir ou sa fin.
    Parler avec le coeur, ne permet-il pas de se faire comprendre où que l'on aille ?

    Bises célestes
    ¸¸.•*¨*• ☆

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  2. Bien sûr que j'adhère totalement à ta conclusion : parler avec le coeur est universellement compris, puisque les gestes suppléent le manque de mots. Au cours de maints voyages j'ai fait des rencontres qui illustrent précisément ce que tu dis. Et Saint Exupéry l'a si bien exprimé.....
    Il est certes assez utopique d'aller plus loin et, comme en ce rêve, de penser à l'adhésion universelle des êtres humains à un langage écrit et codifié.

    Mais est-ce vraiment plus dur à realiser que le respect universel des droits de l'être ?
    Martin Luther king fit un rêve il y a plus de 50 ans. Certes tout ne s'est pas réalisé, mais que de chemin accompli .

    J'aurai sans doute l'occasion dans d'autres billets d'exprimer d'autres façons mes espoirs en matière de langage. 

    Er je te remercie infiniment d'apporter cette contribution à la reflexion engagée

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